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Le dernier ouvrage de Geneviève Dreyfus-Armand, écrivaine spécialiste des relations qui ont uni les Français et les Espagnols depuis la proclamation de la IIème République jusqu’à la mort de Franco, fait état du témoignage de Léonor Pintado, une de nos voisines de Lestelle.
Née en 1933 à Broto, près de Huesca en Aragon, elle faisait partie d’une famille de paysans qui cultivait la terre, élevait vaches et brebis. Léonor y vivait avec ses trois sœurs, des tantes et de jeunes cousins, soit une dizaine de personnes.
Au moment de la guerre civile, son père et d’autres hommes du village sont pourchassés par les franquistes. Ils se cachent quelques temps dans la montagne, puis décident de passer en France, avec leurs familles.
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Ce dessert d’exception n’a rien d’une omelette, ni grand-chose en commun avec le pays des Vikings.
Sans un physicien américain nommé Benjamin Thomson Rumford, un aventurier qui servit comme agent secret dans l’armée britannique à la fin du 18ème siècle, nous n’aurions peut-être pas le plaisir de déguster ce bijou de dessert faisant souvent concurrence à notre traditionnelle bûche de Noël !
En effet, Rumford se passionnait pour l’art culinaire. Et après s’être penché sur l’invention du percolateur (entre autres ustensiles), il se livra en 1804 à une expérience sur le blanc d’œuf fouetté : il démontra scientifiquement que ce dernier est un mauvais conducteur de chaleur.
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Par Yves DUBERTRAND
Avant 1335, les habitants de la région s'étaient établis dans des terrains plats; ils se groupaient autour de l'église Saint-Hilaire de Lassun dont nous pouvons toujours voir les ruines sur la route allant de Montaut à Coarraze. Sur la rive gauche, le village de Lestelle n'existait pas, mais déjà de vieux bourgs s'étalaient entre les Gaves: ceux d'Asson, d'Igon et entre Igon et le futur Lestelle, on trouvait le Laber. Tous ces bourgs étaient peuplés par une population de pasteurs sédentaires attachés à des terres serves et qui vivaient de façon autonome, sans contacts directs. Ils s'occupaient uniquement de leurs troupeaux et essayaient de se défendre contre les incursions de leurs voisins. Cet état social dura jusqu'au début du XIVème siècle, date à laquelle les vicomtes de Béarn fondèrent les bastides.
Un tracé caractéristique
Lestelle en Béarn fut fondée en 1335 par Gaston II de Foix, fils de Roger-Bernard de Foix et de Marguerite de Béarn, époux d'Eléonore de Comminges et père de Gaston III dit « Fébus ». Le bourg fut bâti sur le territoire d'Asson et au quartier appelé Artigau. En souvenir de ce fait, Lestelle payait tous les ans une redevance à Asson dont le montant s'élevait à trois livres.
Lestelle est une bastide. Son tracé est nettement marqué; toutes les rues sont tracées au cordeau et se coupent à angle droit. En nous promenant dans notre petite cité, nous pourrons découvrir toutes les caractéristiques de ces villes neuves du Moyen-Age. Deux rues sont orientées du Nord-ouest au Sud-est, s'élargissant en forme de fuseau au centre, où elles encadrent une grande place pour terminer en fuseau un peu plus loin. Ces rues, vous les avez reconnues: ce sont d'une part les rues Gaston de Foix et Henri IV, autrement dit la rue principale et de l'autre côté les rues Peyrounat et Jeanne d'Albret; la grande place est bien sûr notre place Saint-Jean.
Au-delà de l'artère Ouest se trouve une rue parallèle marquant l'emplacement des anciens fossés aujourd'hui disparus: c'est la rue Maréchal Leclerc. Seul le côté Est montre encore l'élément défensif que constituait le haut remblai dominant le cours du Gave. On ne peut hélas relever aucune trace de défense au sens propre du terme. Normalement, le village devait être fortifié, le souverain s'engageant à donner les portes et les habitants se chargeant de faire les terrassements. D'après les dispositions actuelles de la Bastide, il semble qu'il n'en ait rien été.
De nombreux privilèges furent accordés, notamment l'affranchissement, les concessions foncières, les franchises de pacages pour la transhumance, le droit de chasse et de pêche, l'exemption du droit de passage sur le pont en bois de Gatarram, une administration autonome, l'exemption du four banal.
L'administration de la ville
A cette époque, les villes du Moyen-Age avaient à leurs têtes ce que l'on dénommait un corps de ville, composé de Jurats dans le Sud-Ouest. C'était une assemblée restreinte composée de 4 à 7 membres, ce que nous pourrions dénommer un collège, c'est-à-dire un organe de délibérations prises en commun, un organe d'administration proprement dit de la ville. Lestelle, bien entendu, n'échappait pas à cette définition. A la tête de la cité, on trouvait le premier jurat ou maire qui présidait les délibérations et avait une certaine préséance sur les autres membres. Il est intéressant de noter le mode de recrutement des jurats : ils étaient élus au suffrage universel par tous les habitants. Quant au maire, il était choisi sur une liste de trois noms présentée par le corps de ville au vicomte souverain.
Ces jurats, au nombre de quatre pour Lestelle, étaient aidés par le garde-boursier qui avait pour mission de garder les caisses de la commune et par le notaire rural jouant le rôle dévolu aujourd'hui aux secrétaires de mairie; il notait notamment les procès-verbaux des séances. Une seule particularité, les réunions n'avaient pas lieu dans une salle, mais sur la place de l'église avec la présence de tous les habitants; si vote il y avait, celui-ci se faisait à main levée.
Une justice autonome
La plupart des chartes du Moyen-Age donnaient aux villes et aux bastides un droit de justice autonome plus ou moins grand selon le cas. Le code de justice régissant Lestelle était fort curieux; le corps des jurats pouvait se transformer en parquet et tenir lieu de juge de paix d'où interpénétration de l'administration et de la justice, aux mains d'une seule et même autorité, celle des jurats.
Ainsi, ceux-ci tranchaient les différends et rendaient les jugements. A cet effet, il y avait même un pilori sur la place publique où les délinquants étaient exposés après jugement, ainsi qu'une prison.
Lestelle se peupla rapidement, placée sur l'ancien chemin vicomtal dit de Saint-Pé, qui venait d'Ossau, passait par Mifaget, Capbis, vers Asson et Saint-Pé de Geyres. Elle se trouvait sur un lieu de passage fréquenté et au dénombrement de Gaston Fébus en 1385, on comptait 32 foyers dont le nom d'un de ceux-ci est porté encore par une maison du hameau: c'est celui de « Saumater». Dans ce même XIVème siècle pendant que notre village s'ouvrait à la vie, non loin de là naissait une petite chapelle consacrée à la Madone et qui plus tard prendra une grande importance, chapelle que nous connaissons sous le beau vocable de Notre-Dame de Bétharram.
Liens
- Plus d'informations sur le site de l'association Bastide 64
- La charte de Lestelle (1335)
- Voir les cartes postales anciennes du village
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Par Raymond DESCOMPS
Sujet d'Histoire
Le moulin de Lestelle, quel intéressant et abondant sujet d'Histoire! Plutôt en trois volumes qu'en un seul. Au moment où disparaissent ses derniers vestiges, nous voudrions simplement rappeler qu'il y a des tranches de vie qui doivent rester dans la mémoire locale, ces archives du cœur.
Dans une bastide essentiellement agricole comme la stela de 1335, le moulin était un moyen de base dans la vie ordinaire. Et le torrent voisin, encore rapide au sortir de la gorge de Saint-Pé-de-Générès, offrait la possibilité d'une chute importante sans la création d'un trop long canal de déviation. La population se mit au travail, et en 1553, la stela avait son moulin, avec la quasi certitude de ne jamais manquer d'eau.
L'administration Royale avait agréé l'entreprise mais "à la charge du fief annuel de 25 écus petits, ou de 25 conques de froment, au choix".
Que se passe-t-il pour que, une vingtaine d'années après, le village cherche à s'en défaire? Difficultés d'exploitation? Mésentente des administrateurs? Manque d'argent pour l'entretien? Gabegie? Le fait est que le 28 janvier 1574 les Lestellois vendirent leur moulin à un riche propriétaire, Jean d'Abadie, seigneur d’Igon, pour 950 écus et un tonneau de vin.
L'expérience du seigneur-meunier ne fit pas long feu, le temps sans doute de vérifier que l'affaire n'était pas rentable. Le 12 septembre 1635, par devant Jean DUCLOS, notaire de Lestelle et de Montaut, notre Jean d'Abadie, vendit purement et simplement au sieur Pierre-Paul de PRUGUE, Prieur de l'Isle, le moulin de Lestelle, avec le canal, l'écluse, la nasse, le taillis, le bernata, garni de vergnes pour l'entretien de la nasse; laquelle vente fut faite pour la somme de 2000 livres.
Pensez-vous que le sieur de PRUGUE allait se reconvertir dans le commerce des farines? Non, mais plus malin. A cette époque et depuis une quinzaine d'années, dans le vallon voisin du Gatarram, sur ces mêmes lieux où le passage des huguenots n'avait laissé que cendres, s'épanouissait une communauté de chapelains-moines-missionnaires. Dès lors, l'affaire du moulin était cousue de fil blanc: par devant le même DUCLOS, notaire, le sieur de PRUGUE, le 13 septembre 1636, passe un contrat par lequel il fait vente du dit moulin et de ses dépendances, en faveur des sieurs Chapelains pour la somme de 2110 livres.
Le registre du Conseil Souverain de PAU a conservé des lettres "portant que les Chapelains de Bétharram paieront 18 livres de fief, au lieu de 24 quarteaux de seigle et de millet pour le fief du moulin par eux acquis d'Abadie de Montaut".
Et voilà comment après le projet de construction d'une grande église et de bâtiments d'accueil annexes, après l'achat et l'affermage de propriétés, après l'acceptation onéreuse de nombreuses donations, après le rôle toléré d'être pratiquement les banquiers des municipalités voisines, le moulin de Lestelle sera, à partir de 1636, un des rouages de l'animation sociale de toute la contrée.
On devine que les Grands Chapelains de Bétharram ne venaient pas inutilement enfariner leurs robes dans le moulin de Lestelle. Ils y installèrent un meunier compétent qu'ils se contentaient de surveiller. Ainsi le 28 août 1789, le meunier fraudeur fût puni d'une amende de 24 livres.
Un fait est certain
Les qualités administratives des Chapelains: "les moulins constituaient pour les Chapelains un bon placement. Le 10 avril 1780, celui de Lestelle rapportait 500 livres en argent et livrait 50 quintaux de froment et 50 de maïs, 50 de millet, plus 5 paires de chapons gras et 2 paires de poulets
Le meunier s'engageait à nourrir deux cochons par an, à moudre le grain des Chapelains et à cueillir la moitié des glands de la chênée de Coutilhon qui limitait le canal". (HL. page 215).
Un fait reconnu
3 décembre 1818, la municipalité de Lestelle s'oppose aux projets du sieur Bourgeacq, papetier, demeurant à Montaut, propriétaire de l'unique moulin existant dans le village... et fait remarquer que:
- la banalité est abolie,
- qu'à cette époque (avant la révolution) la fraude était punie par les jurats,
- qu'en ce temps aussi le moulin actuellement possédé par Bourgeacq appartenait aux Chapelains de Bétharram, qui surveillaient eux-mêmes le meunier, ce qui rendait les plaintes fort rares,
- que ces plaintes se Sont multipliées à l'infini depuis que le sieur Bourgeacq est propriétaire du moulin.
Ces résultats n'étaient pas obtenus sans peine. Les difficultés devant lesquelles les propriétaires depuis 1553 avaient abdiqué, il incombait aux Chapelains de les résoudre à leurs frais à partir de 1636.
La protection contre les inondations
Depuis la construction en 1553 le moulin de Lestelle en a vu de terribles, dont l'Histoire nous a gardé quelques souvenirs.
1662
Le pont de bois est bousculé et traîné sur les digues du moulin
1678
Le pont est arraché, avec l'église, le cimetière (Soum det Castet)
1753
La grande barque des Chapelains, servant aux réparations rompit ses amarres et partit à la dérive à travers les saligues
1762
Les digues furent fortement endommagées, les caves inondées.
1772
Le 16 septembre: la plus grande inondation du siècle; il plut pendant 58 heures consécutives. La grande digue barrant tout le gave et construite durant l'hiver-printemps 1662/1663, fut emportée; à Bétharram, 2 mètres d'eau au rez de chaussée, chapelle inondée, murs sapés, ...
1787
Le 25 septembre, une partie de la grande digue reconstruite fut de nouveau endommagée. Les Chapelains demandèrent alors à Jean de Laclède, maître des Eaux et Forêts, l'autorisation de couper dans les bois de Montaut et de Lestelle, 30 chênes et 3 hêtres. Accordé, à charge "de replanter dans les places vides 100 jeunes chênes bien venants, de les faire buter et armer d'épines jusqu'au premier janvier".
1875
Forte inondation.
1937
Le 26 octobre: on peut encore se renseigner auprès des témoins vivants.
Les corvées du moulin
Si les services rendus par le moulin étaient jugés irremplaçables, les réparations et entretien indispensables, par contre, le système des corvées (manobres), généralement admis dans la société d'alors, apparut souvent pénible, parfois insupportable, souvent contesté.
20 mai 1645 :
"Pour le regard des manubres que les habitants de la Communauté de Lestelle doivent fournir pour travailler aux réparations nécessaires du moulin du présent lieu, les dites manubres seront prises et employées en quatre divers fois généralement tant du village que du bourdalat par chacune année, et ne pourront lesdits messieurs de la Chapelle de Bétharram employer les manubres que quatre fois comme dit...".
17 décembre 1653 :
Sommation des Chapelains aux jurats d'exécuter les manoeuvres: Lestelle tenu par le contrat de vente du moulin et par arrêt de la Cour du Parlement de Navarre de contribuer aux manœuvres chaque ann6e pour réparations attenantes au moulin... veulent continuer la digue: somment Lestelle d'envoyer demain des manœuvres"...
Face à une administration de jurats incapables de faire "marcher leur moulin, de façon satisfaisante pour tous, dans un climat de contestation et de procès, à travers le service quotidien ininterrompu (les grèves étaient inconnues), les grands Chapelains administrèrent brillamment leurs moulins durant un siècle et demi jusqu'à la Révolution.
La mola deu molin n'ei com la parpalhola
Que la mort vien segar au cap deu dia brac
La mola deu molin ei de bona gansola
E dus sègles quecau tau copar lo tric-trac.
27/6/1970 - Abbé Jean-Marie GRANGE
Ici s'arrête notre propos, la suite c'est de l'Histoire contemporaine. Les témoins des derniers meuniers de Lestelle sont parmi nous. Jusqu'à ce mois de novembre nous pouvions encore voir quelques vestiges du vieux moulin de Lestelle : un bout de l'ancien canal (baniu), des restes de digue (pierres, pieux du bernata, maçonnerie, travail dû aux manubres des Lestellois).
C'est fini. Les ingénieurs sont passés. Digues et écoulement des eaux du Gave doivent se plier aux besoins de la vie moderne. Plus de digue en V dont la pointe tournée vers la montagne fendait le torrent en deux parties: l'une pour le moulin de Lestelle, l'autre pour le moulin de Montaut. M. Gaston LACAZE, industriel de Montaut, vient de prolonger la digue de Dilenséger jusqu'à la rive de Bétharram. Mais l'eau ne reprend pas tout de suite en aval son cours sauvage: elle cascade dans trois bassins successifs, étagés à 40 centimètres l'un au-dessus de l'autre. On peut, si on veut, appeler cette disposition échelle de poissons. De fait on imagine sans peine que nos truites, après quatre modestes bonds de 40 centimètres, se trouveront 1 m 20 plus haut fort à l'aise dans l'immense plan d'eau de Bétharram.
La réalisation de l'ouvrage, conduite rapidement, sous l'oeil vigilant de M. LACAZE, offre un aspect flatteur pour le touriste qui descend de voiture sur le parking-terrasse de Bétharram. Un attrait de plus pour la ville de Lestelle, en ce point où l'on prend justement la direction du nouveau Camp de Tourisme.
Quant aux promesses de solidité de l'ouvrage, sa robustesse apparente
- on n'a pas lésiné sur la masse du matériel
- attendons pour voir qu'il pleuve 58 heures consécutives!
En regardant notre gave descendre prudemment ses quatre nouveaux plans, notre mémoire remonte au vieux moulin de Lestelle. Du souvenir à la réalité d'aujourd'hui, il n'y a qu'un pas. Le long du chemin du moulin on croit encore entendre le roulement des meules qui écrasent le grain. A suivi le tonnerre des grosses machines qui ont balayé les ruines du dernier moulin de Lestelle. Aujourd'hui, terres, ronces et saules - comblent l'ancien canal du moulin; les lieux sont occupés par une pelouse d'ornement et... une ville!
Si les pelouses fraîchement créées jouent parfois le rôle de cimetières d'oubli, la mémoire des hommes est un berceau de souvenirs vivants. La figure de Léon, CAZENAVE-LASBATS n'a pas été effacée par le passage des bulldozers. Le vieux meunier, mort à 94 ans, a laissé derrière lui un parfum de farine fine, comme celle que Jean-Pierre de Bétharram allait lui demander pour fabriquer des hosties.
Le meunier d'autrefois était plus un artisan qu'un industriel, plus un serviteur qu'un commerçant. Et à l'heure de midi, en attendant que sa meule ait écrasé et finement moulu tout le quartal de froment, il arrivait que Léon offrit aux clients un petit casse-croûte.
Bien sûr, Léon n'oubliant pas la pugnère (ainsi appelait-on le prélèvement de grain en guise de paiement), mais les doigts de sa main étaient souples et plus le client était pauvre, plus les doigts de faisaient courts...
Nous avons peut-être sans le vouloir, rejoint les anciens Chapelains, meuniers d'autrefois.
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D'après le P Henri Lassalle
Les alentours de la Chapelle de Bétharram vers 1682
Le premier pont de Bétharram, assez sommaire, était bâti très bas sur le Gave, approximativement en face de la niche que l'on voit encore sur la rive montaltoise. La pente de cette rive droite était assez raide pour rejoindre le chemin de Aguilhous ou le chemin des Barrières (actuelle route de la gare).
Côté Lestelle, le chemin existant - pardon: la route royale – était pratiquement au niveau du pont, porté par les bancs de rochers qui affleuraient à peine au-dessus de l'eau. Ceux-ci sont aujourd'hui immergés depuis la construction de la grande digue, mais à cette époque ils formaient une rive basse et mal protégée des inondations. Aux grandes crues le Gave envahissait la route et rendait le passage impossible.
Un passage existait, inclus dans le domaine des chapelains. En 1684, suite à un différent avec la commune, ceux-ci s'engagèrent à laisser les Lestellois emprunter ce passage lorsque la route royale serait inondée.
Le nouveau pont
1687 : un nouveau pont est construit un peu en amont de l'ancien, là où des masses rocheuses lui assuraient une bonne assise. Il était construit très haut au-dessus du Gave et la configuration du quartier s'en trouva modifiée. Le chemin des Barrières qui se dirigeait à droite vers le vieux pont, fut détourné en direction du pont nouveau. Les autres chemins furent surélevés jusqu'au niveau des nouvelles têtes de pont, moins sur la rive de Montaut, près d'un mètre cinquante du côté de Lestelle. Cela représentait de graves inconvénients pour le monastère dont le rez-de-chaussée menaçait de devenir un contrebas. Par la suite, la route royale fut rehaussée et actuellement il faut descendre plusieurs marches pour accéder au rez-de-chaussée du monastère, aménagé de nos jours en salle d'accueil des pèlerins.
Le pont de pierre débouchait face au chemin du plateau (chemin du Hameau) dit chemin de Gassie Peyre. Transportons-nous à cette époque où le monastère ne s'étendait pas autant du côté de l'Isarce, où le collège n'existait pas et où à l'emplacement de la «Maison Aris» se dressait l'écurie des chapelains.
Le chemin de Gassie Peyre
Le chemin actuel de la Croix des Hauteurs n'existait pas non plus. A sa place était la prairie de Bétérède qui s'étendait depuis le bas de la colline jusqu'à ladite écurie. Cette prairie est maintenant le stade du collège.
Le chemin de Gassie Peyre commençait donc face à la descente du pont. Il passait entre le monastère et l'enclos de l'écurie des chapelains, longeait le pied de la colline (derrière l'actuelle Maison de Retraite), contournait la portion sud du Calvaire occupée maintenant par un verger et se dirigeait en ligne droite vers la croisée des chemins du hameau (Croix des Hauteurs). Ce chemin existe encore dans la propriété de Bétharram.
En 1704, les chapelains, ayant intérêt à relier leur dépendance au monastère, demandèrent aux jurats de Lestelle de leur céder ce chemin sur toute la longueur de leur propriété. En retour ils offrirent de refaire à leurs frais un chemin plus bas, à peu de distance du ruisseau de Batcrabère.
Les jurats acceptèrent cette proposition qui avait pour avantage d'éviter des pentes fort raides. Les chapelains construisirent donc un chemin nouveau dans leur propriété sur une longueur de 160 coudées (80 mètres) et lui donnèrent 12 coudées (6 mètres) de large, ce qui permettait à deux voitures de se croiser et en prirent l'entretien à leur charge. Ils le bordèrent d'un mur et clôturèrent ainsi de ce côté leur domaine.
La suite du nouveau chemin n'avait pas le tracé qu'a aujourd 'hui la route goudronnée. Au départ de celle-ci, après la salle polyvalente, on aperçoit encore le départ du chemin qui, de là, montait en ligne droite vers la Croix des Hauteurs. Il était encore praticable il y a cinquante ans puis disparut sous les arbustes et les ronces. Récemment un défrichage a permis d'y créer un sentier de randonnée qui fait revivre cet antique chemin.
Quant aux Lestellois, ils utilisaient de préférence un petit chemin montant du ruisseau Saint Roch vers le sommet du Calvaire à la station du Saint-Sépulcre (maintenant de la Résurrection).
En 1930, ce chemin a été remplacé par l'actuelle route goudronnée qui monte avec deux virages en épingle à cheveux, adoucissant ainsi la pente pour les voitures... et les piétons. Elle procure aujourd'hui un agréable circuit aux promeneurs qui découvrent ainsi la beauté des sites de notre commune.
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(D'après le P Henri Lassalle)
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Père Pierre LEBORGNE
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Par Jutta PEYROUNAT
Autour du chapelet
Le chapelet est connu en occident depuis le XIIème siècle, mais nous le connaissons sous sa forme actuelle (5 Notre Père et 5 fois 10 Ave Maria) que depuis le XIVème.
Ces « fils ce prière » étaient bénis, et si l’on venait par exemple à vendre un chapelet offert, cette bénédiction se perdait.
Les chapelets étaient alors des « talismans » de premier ordre. On les utilisait lors de processions, de mariages et d’enterrements (pratique que l’on peut encore retrouver de nos jours).
Ils protégeaient contre le mal : les mauvais esprits s’enfuyaient à leur vue, on pouvait les suspendre dehors pour demander un temps favorable, les femmes enceintes les portaient pour faciliter la naissance à venir, ils étaient également placés dans les langes des bébés pour qu’ils deviennent de bons chrétiens. L’énumération pourrait continuer, mais venons en à la place du chapelet dans la vie de Lestelle-Bétharram.
Bétharram était en effet un haut lieu de pèlerinage depuis le XVIIème, en fait depuis le renouveau du catholicisme en Béarn (début XVIIème ) et c’est dans ce contexte que le chapelet a naturellement pris une place prépondérante, aisé en cela par la présence importante de matière première : le buis, dans les forêts ossaloises. Ce buis était coupé en barres et transporté sur des charrettes attelées de chevaux ou de mulets (plus tard en train) jusqu’à Montaut où se trouvait l’usine de Thomas Navarre qui les transformait en perles.
La vente de chapelet a réellement pris un essor au XIXème avec l’apparition de la Saint Vierge à Lourdes.
Sa fabrication devint bientôt une activité importante pour nombre de villages de la région, et Lestelle ne fit pas exception à la règle.
Au XIXème et début XXème , presque toutes les Lestelloises fabriquaient des chapelets, notamment les ateliers (Cuyaubère à Igon, Navarre puis Lartigau à Montaut ou Latanne à Lestelle).
Seules quelques paysannes avaient trop à faire pour prendre part à ce travail à domicile ce qui ne les empêchait pas d’aller le soir venu, enfiler quelques perles et faire causette chez la voisine.
Quelques noms de chapelières restent dans les mémoires : Fernande ARZAGOT, Agnès BORDENAVE, Anna et Marie BURLOTTE, Justine CAZEROLLES, Héléna CHOURRET, Marcelline COULOUNDOU, Léontine COUSTET, Justine DOMENGÉ, Marie et Louise GRABOT, Marie LABES, Julie LATANNE, Clotilde MALAGANNE, Ernestine PRIM, Prospérine PRIM, Julia et Marie ROULLAN, Juliote SANSGUILHEM, Marie SUDRE et bien d’autres.
On allait chercher perles, fils, médailles et croix dans la « maison du chapelet » à Montaut ou Lestelle et au travail ! Il fallait couper les fils, enfiler les perles, courber les chaînons. Une bonne travailleuse fabriquait jusqu’à cinq douzaines de chapelets par jour. Toutes étaient équipées de petites pinces, les « Alicates », qui mesuraient en 8 et 12 cm de long, et avaient les bouts arrondis afin de bien pouvoir enrouler les chaînons.
La réparation des alicats était le travail des hommes, citons Joseph GROS, Irénée SAUBATTE et le garde champêtre Joseph CAMBORDE.
Les chapelets étaient faits en perles de buis lisses ou « guilloché » (sculpté), en nacre ou parfois en noyaux d’olives pour ceux des moines. Les croix aussi étaient en buis. On se servait de fils en fer, en cuivre ou en laiton.
Les chapelets étaient vendus dans la région, puis dans toute la France et enfin exportés à l’étranger.
Avec les pèlerinages à Notre-Dame de Bétharram, se sont installés aux alentours des cabanons et « boutiques » où se vendaient des objets de piété et notamment des chapelets.
Certaines femmes de Lestelle allaient vendre ces chapelets, ces médailles, des petits bibelots, quelques bijoux et même parfois des cailloux du Gave.
Ces cabanons et boutiques étaient installés le long de la route ainsi qu’un café et un petit bistrot du côté du Gave.
Dès que les charrettes de pèlerins arrivaient (et plus tard les voitures) les femmes se jetaient littéralement à l’assaut de ces pèlerins afin de leur vendre leurs marchandises en criant à qui mieux mieux. Il y eut des disputes et des « histoires » mémorables, surtout sur les berges du Gave, et quand, en 1939 avec la construction du nouveau pont on jeta ces boutiques à l’eau, un vent de soulagement souffla sur Bétharram.
Restaient alors les cabanes du côté du calvaire qui doublaient ou triplaient leur nombre au moment des fêtes de la Sainte Vierge.
Les femmes de Lestelle s’y rendaient alors avec des sortes de charrettes sur deux roues et dépliaient sur place une bâche afin de se prémunir d’éventuelles intempéries.
Puis vint la guerre et avec elle la diminution puis l’arrêt complet des commandes de chapelets.
Il reste maintenant une boutique devant la Chapelle, et quelques grands-mères qui se souviennent …
Un grand merci au RP DESCOMPS pour ses conseils, à Marie ROULLAN-PASQUINE et Justine CAZEROLLE pour leurs souvenirs.
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Cherchez et découvrez Lestelle Betharram dans ces cartes :
Le Pais de Bearn
Nicolas Sanson, (1600-1667).
"Gouvernement général de Guienne et Guascogne et pays circonvoisins". Lestelle n'y figure pas encore mais la carte et l'histoire vaut son coup d'oeil. BNF
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La carte du Béarn
Guillaume Delisle, (1675-1726)
Carte du Béarn de la Bigorre de l'Armagnac et des pays voisins. BNF
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Carte générale des monts Pyrénées et parties des Royaumes de France
Carte de Roussel (16..-1733) - Carte de l'ensemble des Pyrénées commandée par le Régent à des fins militaires, levée à partir de 1716 par Roussel, ingénieur du roi et La Blottière, un autre ingénieur géographe. Carte gravée en 1730, à l'échelle du 1/330000.
Voir la carte (PDF)
Partie méridionale du gouvernement de Guienne
Gilles Robert de Vaugondy, (1688-1766).- Partie méridionale du gouvernement de Guienne où se trouvent le Condomois, la Chalosse, le pays de Soule, le Labour, l'Armagnac, les Landes, le Cominge, le Bigorre, le Conserans etc ; Gouvernement de Basse Navarre et Bearn.BNF
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Les cartes "Cassini"
César-François Cassini, (1714-1784).
Jean-Dominique Cassini, (1748-1845).
C'est à l'initiative de Louis XV, qu'est levée la première carte géométrique du royaume de France.
La "carte de Cassini" est la plus ancienne des cartes de la France entière à l'échelle topographique.
Les levées commenceront en 1760 et se termineront en 1789.La publication sera retardée par les évènements de la Révolution pour n'être achevée qu'en 1815.Quatre générations de Cassini se seront donc consacrées à la réalisation de la carte qui mérite de porter aujourd'hui le nom de cette famille.
La "Carte de Cassini" a rendu de grands services et a été utilisée jusqu'au milieu du siècle dernier. Elle a été remplacée progressivement par la "Carte d'Etat-Major".
La carte de Cassini servira de référence aux cartographies des principales nations européennes pendant la première moitié du XIX° siècle.
Voir la première édition
Voir la seconde édition
Carte de Cassini de Lestelle Bétharram :
sur www.gencom.org
Légendes des cartes de Cassini
Le cadastre Napoléonien
La loi du 15 septembre 1807 donna naissance au cadastre parcellaire appelé communément « napoléonien », composé d’états de sections, de matrices de propriétés bâties et non bâties, et de plans. Napoléon voulait en faire à la fois un instrument juridique, pour établir la possession du sol, et un outil fiscal qui permettait d’imposer équitablement les citoyens aux contributions foncières.
La rénovation générale des plans cadastraux napoléoniens fut prescrite par la loi du 16 avril 1930, en raison de la transformation du paysage foncier. Elle n’intervint effectivement que quelques années plus tard, entre 1950 et 1970. Les plans napoléoniens ont donc été une référence pendant plus d’un siècle.
8 planches sur la commune.
Voir le site du Conseil Général
Les Basses Pyrénées
Victor Levasseur
Atlas National illustré publié par A. Combette en 1852.
Voir la carte (PDF)
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L'événement
Le devoir de mémoire
L'événement
Le 13 juin 1935, un tragique événement s'est produit à Lestelle-Bétharram.
Le 13 juin, à l'aube une rumeur… des personnes passent, pressées, muettes; elles gravissent la côte raide qui mène sur la ligne des hauteurs, au flanc du Calvaire.
Un avion du 36ème de Pau, venant d'Istres, s'est écrasé dans le brouillard. Le lieutenant Carayon et le sergent-chef Meilhe ont été tués. Sur la carte du bord, tâchée de sang, une ligne bleue marquait l'itinéraire Istres- Toulouse - Rabastens -Pau. Ils étaient partis quatre pour ce vol de nuit. Il avait été décidé qu'en cas de brouillard, les grands oiseaux se poseraient à Toulouse. Toulouse passé, le brouillard est apparu. Trois ont fait demi-tour, le quatrième...
Le brouillard? Une panne d'essence? Le lieutenant serrait encore à la saignée du bras gauche sa lampe électrique.
On juge de l'émotion qui étreignit nos élèves. Il y a en a tant parmi eux qui rêvent d'ailes et d'ascensions!
Le soir, les grands sont montés sur les lieux. Une voiture sanitaire avait transporté les cadavres à Pau. L' « horrible mélange» des restes de l'oiseau étaient encore là. Longuement ils ont « médité» à leur manière; tous ont voulu garder de ce spectacle le plus humble souvenir: bout d'étoffe, bout de bois, bout de fil...
Tel, qui demain sera pilote, avait mis la main sur l'altimètre; mais la police et l'armée veillaient.
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La Galotte
Lorsque nos aînés nous parlent de la Galotte et de son moulin, nous apercevons dans leur regard cette lueur qui leur rappelle des lieux idylliques de même que des souvenirs de jeunesse inénarrables
Mais, au fait, savez-vous tous ce qu’ils dénommaient ainsi et où se situait le moulin ? Ce dernier se trouvait à proximité de l’actuelle salle des fêtes, là où l’on peut voir un parterre de pelouse (bordure du chemin du Vieux Moulin). Son alimentation en eau provenait d’un bras du Gave, appelé « Canal du moulin ». Deux ou trois vannes permettaient d’évacuer ou d’alimenter l’eau nécessaire au fonctionnement du moulin, celui-ci ayant besoin d’un certain débit pour travailler.
Attardons nous sur l’histoire de ce moulin. Sa construction est attaquée en 1553. Le 28 janvier 1574, on trouve trace de sa vente à Jean d’Abadie, Seigneur d’Igon, qui se rend acquéreur pour 950 écus et un tonneau de vin. Le nouveau propriétaire le rebâtit l’année suivante (1575) et il grave son nom de même que cette date sur un linteau ouvragé que les plus anciens parmi nous ont pu contempler à loisir.
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Le gibier de nos bois et de nos montagnes
Ce gibier n'a guère changé depuis des siècles car il a trouvé dans notre région l’habitat qui lui convient. Celui qui a le mieux décrit ces diverses espèces de gibier est Gaston Fébus, que l'un de ses biographes a appelé « un grand prince d'occident au XIVème siècle». Né à Orthez en 1331, il a régné sur un vaste domaine où il aimait « armas, amors et cassa » (les armes, les amours et la chasse). Il a indiqué lui-même le jour où il a commencé la rédaction de son Livre de Chasse: « et fut commencé ce présent livre le premier jour de may, l'an de grâce mil trois cents quatre vins et sept ». Quelques années seulement après sa mort, sa réputation de chasseur et la diffusion de son livre (qui ne se faisait alors que par des copistes) étaient répandues dans toute l'Europe.
Des livres sur la chasse, il en a existé plusieurs depuis fort longtemps. Sans remonter aux Cynégétiques de Xénophon (vers 400 avant notre ère), Gaston Fébus a pu connaître divers ouvrages sur la chasse de la fin du XIIIème siècle ou écrits quelques dizaines d'années avant son ouvrage mais certainement pas celui qu'un espagnol écrivit en même temps que lui... Toujours est-il que son Livre de la chasse resta valable jusqu'au début du XIXème siècle, tant la rigueur de ses descriptions des animaux et de leurs habitudes et aussi la façon de les chasser avec chiens, arcs et épieux ont servi aux chasseurs des siècles qui ont suivi.